Pour se venger de ses créanciers, qui l’avaient fait jeter en prison, le levantin Volpone met sur pied une vengeance diabolique. Il se sert du parasite Mosca, dont il partagea le cachot, pour faire croire qu’il est à l’article de la mort. Mosca fait miroiter alors l’héritage aux rapaces qui entourent Volpone. …

Pays : France
Réalisateur : Maurice Tourneur
Année de sortie : 1941
Distribution : Louis Jouvet (Mosca), Jacqueline Delubac (Colomba), Marion Dorian (Canina), Harry Baur (Volpone), Charles Dullin (Corbaccio), Fernand Ledoux (Corvino), Jean Temerson (Voltore), Alexandre Rignault (Le capitaine Léone) Robert Seller (Le capitaine des sbires), Louis Fremont (Le juge)
Genre : comédie
Durée : 94 mn
Age recommandé : à partir de 9 ans
Public : tous publics
Niveau de difficulté culturelle (de 0 à 5) : 3, car le théâtre au cinéma, en noir et blanc de surcroît, ce n’est pas gagné d’avance.
Contexte historique : Venise du XVIème siècle
Principaux thèmes traités : trahison, argent, cupidité, farce
Pour être tout a fait honnête….
Ce film n’est pas facilement accessible pour les enfants au premier abord, même pour les plus grands.
Déjà, ce n’est pas du grand spectacle, c’est le moins que l’on puisse dire : la copie n’est pas très bonne, les décors assez sommaires et les scènes pas suffisamment hilarantes.
C’est également du théâtre adapté au cinéma, genre cinématographique difficile d’accès dès que l’on s’écarte des « père noël est une ordure » ou d’« Oscar ».
Mais, c’est malgré tout un chef-d’œuvre, peu connu de beaucoup et même parfois oublié:
- Le film est basé sur la pièce « Volpone » de 1606 écrite par le dramaturge élisabéthain Ben Jonson, un contemporain de William Shakespeare ;
- Louis Jouvet et Harry Baur principalement donnent une grande leçon de cinéma, notamment Harry Baur avec son bonnet de nuit feignant l’agonie
- Les dialogues sont de Jules Romains, le scénario de Jules Romains et de Stefan Zweig (pour l’adaptation théâtrale), ce qui fait très bien dans les dîners mondains
- L’ambiance rendue digne et aussi farfelue des plus grandes pièces de la Commedia dell’Arte, théâtre populaire italien de cette époque, mais où les comédiens portaient un masque.
Bref, Volpone fait partie de notre patrimoine cinématographique en voie de disparition, qui vaut la peine d’être ressuscité.
Mais cela vaut le coup d’insister….
Ce film est riche d’enseignements pour les enfants à plus d’un titre :
- Volpone est une farce et une farce avec des adultes, ce qui ne peut déplaire à nos chérubins
- Le thème traité est très actuel : le pouvoir de l’argent où, pour l’approcher, les hommes sont prêts à tout donner : leur or, leur honneur, leur femme. » Volpone » est ainsi une parabole pessimiste sur le thème » les loups se dévorent entre eux » ; seul survit, Mosca, celui qui aime la vie et ses plaisirs.
- Il est intéressant de parler également du contexte historique dans lequel le film a été réalisé. Nous sommes en 1941, en pleine occupation par les Allemands. Le personnage de Volpone à l’origine un noble vénitien, fut changé en celui d’un juif, caricaturalement présenté comme un homme cupide et scélérat. Finalement, Harry Baur livra une interprétation de Volpone si extraordinaire qu’il fut lui-même dénoncé comme juif, torturé par la gestapo, et mourut à son retour chez lui, en avril 1943. De son côté, Jouvet qui ne put jouer comme il l’entend, emmena sa troupe en Amérique Latine
- On peut se demander enfin quel est l’intérêt de regarder du théatre au cinéma, surtout quand cela toujours l’air du théatre comme c’est le cas de Volpone. Tout d’abord, on peut se dire que nos enfants n’ont pas forcément l’occasion d’aller au théâtre, notamment en dehors des grandes villes. Et puis, on profite du jeu d’acteurs mythiques.
- Enfin, surtout, même si les enfants n’en profitent pas autant que nous parents, pour une fois, cela change. On a le droit de se faire un peu plaisir aussi quand même….
Mes p’tits trucs à moi
– les femmes dans Volpone ne sont pas représentées à leur plus grand avantage. Elles sont cupides et parfois de peu de vertu. Dans le matchisme déguisé et ambiant qui règne à la maison, ce n’était pas mal de montrer à quoi mène de telles conceptions de la femme….
Si vous avez aimé, vous pouvez voir
« Knock » par Guy Lefranc (1951),
Dans le registre « l’argent fait perdre tous ses moyens » : « l’Avare » de Jean Girault et Louis de Funes (1980), « Un fauteuil pour deux » de John Landis (1983)