Un massacre a été perpétré dans le port de Long Beach. Un petit malfrat minable raconte à la police comment une simple garde à vue et la rencontre de cinq « pros » ont amené la mort de 37 personnes pour mettre la main sur 91 millions de dollars de cocaïne… qui n’étaient pas là. La grande interrogation étant de savoir qui est « Keyser Söze », personnage central de l’intrigue. Les cinq bandits ayant chacun une personnalité bien distincte sont suspectés par le commissaire qui est à la recherche de la véritable identité de « Keyser Söze ».

Pays : Américain
Réalisateur : Bryan Singer
Année de sortie : 1995
Distribution : Gabriel Byrne (Dean Keaton), Kevin Spacey (Roger « Verbal » Kint), Benicio Del Toro (Fred Fenster), Stephen Baldwin (Michael McManus), Kevin Pollak (Todd Hockney), Chazz Palminteri (Dave Kujan), Pete Postlethwaite (Kobayashi), Suzy Amis (Edie Finneran), Giancarlo Esposito (Jack Baer), Dan Hedaya (Jeff Rabin), Paul Bartel (Smuggler),
Peter Greene (Redfoot).
Genre : Policier
Durée : 1h48
Age recommandé : à partir de 12 ans
Public : plutôt garçons
Niveau de difficulté culturelle (de 0 à 5) : 2, car l’énigme n’est pas toujours évidente à suivre
Contexte historique : Milieu des malfrats new-yorkais dans les années 1990
Principaux thèmes traités : bandits et criminels, réinsertion sociale, suspens, diable,arnaque, manipulation
Un masterpiece de l’intrigue
Pour entretenir le gôut pour le cinéma des enfants, il faut savoir alterner entre différents registres de film : films en noir et blanc ou films « à messages » et films d’actions.
Il est évidemment beaucoup plus facile de faire passer un film d’action, en tous cas pour les garçons ; néanmoins, il y a film d’action et film d’action, et là aussi, quelques précautions s’imposent. et il faut pouvoir faire le tri. Sans aucun doute, Usual suspects est un des must en la matière.
C’est le thriller dans toute sa splendeur ; un « thriller » au sens littéral du terme, c’est un film qui cherche à faire « frémir » le spectateur ou en tous cas provoquer une certaine tension.
Ici Bryan Singer a utilisé toutes les recettes du cinéma – des plus traditionnelles aux plus inventives, depuis les film noirs des années 40-50 jusqu’aux polars d’aujourd’hui ; pour entretenir le suspens, « tous les coups ont été permis » :
- une interprétation magistrale d’une brochette d’acteurs de choc, des « gueules » du cinéma américain (Kevin Pollak dans un personnage au sang froid, Kevin Spacey lâche et boiteux, Gabriel Byrne énigmatique et opaque, Stephen Baldwin en maniaque absolu et Benicio Del Toro dont le seul accent indéchiffrable amuse)
- un scenario d’enfer de Christophe Mc Quarrie, récompensé par un oscar, digne d’un Hitchock
- une réalisation et un montage proches de la chorégraphie
- une musique bien placée
– des scènes phantasmées ou surréalistes , comme celles du ténébreux et diabolique
Keyser Soze à la mèche chabalesque et proche d’un Desperado, sorti des flammes.
Le résultat est que l’on se fait complètement piéger et que l’on s’en rend compte dans les toutes dernières minutes.
Il est alors assez marrant avec les enfants d’essayer d’analyser comment le réalisateur s’y est pris. Voici le fruit de nos propres conclusions mais il y a bien d’autres interprétations possibles :
- l’énigme monte progressivement en puissance, jusqu’au rebondissement final qui éclate de façon splendide au tout, tout dernier moment
- le rythme est rapide de façon à retenir l’attention du spectateur, interdit de pause pipi
- la façon dont est construit le récit : une masse d’informations en début de film, révélation petit à petit des bribes manquantes à la poursuite de notre raisonnement, allers-retours incessant entre le passé et le présent confortant des hypothèses ou soulevant de nouvelles interrogations, jeu de questions-réponses entre le policier implacable et son témoin
- la confusion entre l’enquêteur du film et le spectacteur
Bref, on est balladés de bout en bout, jusqu’à ne plus savoir où en est, on est captivé, et l’on se retrouve complètement sonné une fois le générique final tombé…et puis aussi super-énervés de s’être laissés fait piéger. Alors, évidemment il y a toujours ceux qui font croire qu’ils avaient tout compris depuis le début, et pas seulement chez les enfants, mais là, en l’occurrence, il est difficile de gober….
Le pouvoir des images aujourd’hui
Le message central du film, sans vouloir dévoiler toute l’intrigue, est qu’on peut faire croire n’importe quoi à partir de pas grand chose, et notamment avec des images et un peu de cinéma. Ici l’histoire racontée est filmée, et l’on n’arrive plus à faire la différence entre la fiction et la réalité dans le film. Même les images peuvent tromper.. et oui….
Ce film est ainsi une bonne illustration de ce que peut être « le pouvoir des images, aujourd’hui », thème cher à tout parent bien intentionné.
Nous sommes dans ce film véritablement manipulés, et a fortiori pour des enfants qui passent de plus en plus de temps devant les images (y compris numériques), la démonstration dans ce film est éloquente.
Je ne vais pas faire ici le couplet entier et relancer le débat, mais c’est un bon cas d’école pour entamer une discussion plus générale sur un thème prééminent dans notre quotidien et l’importance du regard CRITIQUE !
Mes p’tits trucs à moi
- Inventer une histoire à partir de ce que toutes les marques que l’on trouve dans la cuisine
Précautions à prendre
Des scènes de violence peuvent éventuellement choquer, très peu de scènes de sexe.
Citations : « Le coup le plus rusé que le diable ait réussi, c’est de convaincre tout le monde qu’il n’existe pas… Et d’un coup… Il s’envole »
Si vous avez aimé, vous pouvez voir…
« Heat » de Michael Mann (1995),
Dans le registre « intrigue » : « Le limier » de Joseph L. Mankiewicz (1972), « Mort sur le Nil » de John Guillermin (1972), « Le mystère de la chambre jaune » de Denis Polyades (2002).