Eyal est un agent du Mossad, les services secrets israéliens. Sa nouvelle mission est de retrouver la trace d’un ancien officier nazi, Alfred Himmelman. Pour mener son enquête, Eyal va servir de guide touristique au petit-fils d’Himmelman, Axel, venu en Israël rendre visite à sa sœur. Celle-ci vit en effet dans un kibboutz depuis qu’elle s’est brouillée avec sa famille. Axel veut essayer de la convaincre de revenir avec lui en Allemagne pour l’anniversaire de leur père.

Pays : Israëlien
Réalisateur : Eytan Fox
Année de sortie : 2005
Distribution : Lior Ashkenazi (Eyal), Knut Berger (Axel Himmelman), Caroline Peters (Pia Himmelman), Gideon Shemer (Menachem), Carola Regnier (mère d’Axel), Hanns Zischler (Axel’s Father), Ernest Lenart (Alfred Himmelman)
Genre : comédie dramatique
Durée : 103 minutes
Age recommandé : à partir de 12 ans
Public : tous publics
Niveau de difficulté culturelle (de 0 à 5) : 1
Contexte historique : Israël et Allemagne d’aujourd’hui
Principaux thèmes traités : vengeance, holocauste, famille, kibboutz, tsahal, nazisme, mémoire, matchisme, homosexualité
Précautions à prendre
Aucune, sauf si l’homosexualité est un sujet tabou , mais pas de scènes choquantes.
La rencontre de deux histoires
« Tu marcheras sur l’eau » est avant tout l’histoire de deux histoires contrastées. Deux hommes, (mais contrairement aux autres films d’Eytan Fox, le thème de l’homosexualité n’est pas le thème central du film), l’un , Eyal, interpreté par la star israèlienne LiorAshkenazi, est un jeune et fier agent du Mossad, garçon sans histoire jusqu’au jour où, en revenant de mission, il découvre sa femme suicidée, avec une lettre laissée à son attention : « Tu tues tous ceux qui t’approchent ». Well…
Axel, lui, est allemand, étranglé dans sa famille par les vieilles racines nazies et à la recherche de sa soeur qui elle-même fuit sa propre histoire dans un kibboutz au fin fond du Golan.
Une enquête du Mossad d’apparence routinière, sur un ancien nazi va les faire se rencontrer ; Eyla se voit jouer les faux guides touristiques auprès d’Axel et de sa soeur, petits-enfants du criminel recherché. Et peu à peu, malgré leurs personnalités contrastées, les deux hommes vont s’attacher. Une des scènes inaugurales de cette amitié naissante les montre sur une plage de la mer morte entièrement enduits de boue. A la fois drôle et poétique….
Et tout vacille : Eylal plus enclin à l’efficacité qu’au doute et habitué à tuer froidement les nouveaux ennemis du peuple juif, est ébranlé soudainement dans ses certitudes. Le voici confronté aux questions de la vie qui jusque-là l’ont épargné. L’action cède la place au dialogue, la posture virile se fait plus humble, le passé occulté avec ses fantômes resurgit, et le droit de tuer devient tout relatif. Axel, en découvrant ses liens familiaux avec cet ancien nazi, comprend tout à coup beaucoup de choses sur lui-même, à commencer peut-être par son homosexualité….
Fils de bourreaux ou fils de victimes, les deux jeunes hommes vont confronter leurs impasses et chacun d’entre eux fait découvrir à l’autre la vérité qu’il porte en lui sans la connaître.
Il y a aussi la description de deux univers : du kibboutz du Golan jusqu’au lac Wannsee dans les quartiers chics de Berlin, non loin de la villa où les hauts dignitaires nazis conçurent la solution finale. Le mélange des genres, on adore…
Le tout en fait un film parfois joyeux et émouvant, au ton parfaitement bien trouvé (malgré une fin quelque peu caricaturale) sur des thèmes peu ordinaires.
Vivre avec son histoire
Il y a peu de films sur la façon dont les jeunes d’aujourd’hui, notamment allemands vivent avec leur histoire.
Pia, sœur d’Axel, vient tenter d’expier dans un kibboutz un passé qui ne lui appartient pas mais qui néanmoins la hante. Comment vivre quand on découvre un jour qu’on est la petite fille d’un monstre nazi ? Axel, lui, a choisi la rébellion pacifique.
Eyal lui, de cette histoire ancienne, il n’a que faire. C’est le combat d’une époque révolue.
Les problèmes actuels d’Israël, ce sont les terroristes palestiniens, pas les croulants nazis qui survivent sous assistance respiratoire.
Mais cette histoire finit par le rattraper ; on pourrait même aller jusqu’à dire, sans tomber dans la psychologie à deux balles, que le traumatisme que constitue la Shoah se retrouve dans son incapacité à exprimer et ressentir la souffrance.
Ce film montre sans détour comment souffrances du passé se perpétuent de génération en génération en recouvrant notre présent et en déplaçant sans cesse les vieilles rancœurs. Mais il montre aussi que le remède à ce cercle vicieux existe : accepter de se rencontrer, accepter de se parler, accepter de se connaître et découvrir même que l’on peut s’aimer pour ses différences. On regrettera la fin trop caricaturale du film, mais on pardonnera cet excès de zèle tant le message d’espoir est distillé tout en nuance et en subtilité, et jamais sur le ton de la morale.
On laissera volontiers la parole au réalisateur lui-même.
« J’ai fait un film qui traite des jeunes, qui veulent vivre et s’amuser, qui pensent qu’ils sont libres et différents de leurs parents tout en étant en réalité hantés par le passé. Pour être enfin vraiment libres, ils doivent faire la paix avec ce passé. » Eytan Fox.
Et marcher sur l’eau pourra devenir à la portée de chacun….
Ma scène culte : La scène de l’anniversaire du grand-père nazi où Axel Himmelman fait danser tout le monde sur de la musique yiddish.
Mes p’tits trucs à moi
- Et si on jouait à un jeu : « on te dit que ton grand-père était un ancien nazi, qu’est-ce que tu fais ? »
Dans le registre « situation géo-politique en Israêl », vous pouvez voir : « les Patriotes » d’Eric Rochant (1994), « Va, vis et deviens » de Radu Mahaileanu (2004),