Delphine et Solange sont deux jumelles de 25 ans, ravissantes et spirituelles. Delphine, la blonde, donne des leçons de danse et Solange, la rousse, des cours de solfège. Elle vivent dans la musique comme d’autres vivent dans la lune et rêvent de rencontrer le grand amour au coin de la rue. Justement des forains arrivent en ville. Justement ils fréquentent le bar que tient la mère des jumelles. Une grande foire se prépare et un marin rêveur cherche son idéal féminin..

Pays : France
Réalisateur : Jacques Demy
Année de sortie : 1967
Distribution : Delphine (Catherine Deneuve), Yvonne (Françoise Dorléac), Voix de Catherine Deneuve (Anne Germain), Voix de Françoise Dorléac (Claude Parent), Yvonne Garnier (Danielle Darrieux), Andy Miller (Gene Kelly), Etienne (George Chakiris), Simon Dame (Michel Piccoli), Maxence (Jacques Perrin), Subtil Dutrouz (Henri Crémieux)
Genre : Comédie musicale
Durée : 120 minutes
Age recommandé : à partir de 7-8 ans
Public : Fille, à n’en point douter
Niveau de difficulté culturelle (de 0 à 5) : 2, car les gens se croisent et se recroisent et l’on met du temps à savoir qui est qui
Contexte historique : La France des années 60
Principaux thèmes traités : destinée, hasard, amour, chanson, danse, destin, espoir, predestination, joie
Une première du genre….
C’est sans nul doute dans l’histoire du cinéma LA première comédie musicale française digne de ce nom. Pour une fois, les choses ont été vues en grand et sans aucun doute Jacques Demy a mis le paquet :
- une production internationale tournée en cinémascope, pré-enregistré directement en anglais et en français
- des tournages en extérieurs (pas moins de 40 000 m2 de façades de la Ville de Rochefort ont été repeints pour le film et ce avec des litres de rose, de bleu de jaune
- le recours aux plus grands : Michel Legrand pour la musique, les danseurs inoubliables d’ « Un américain à Paris» et de « West Side Story », pour les chorégraphies, des comédiens exceptionnels, avec une mention particulière pour Danielle Darrieux – la seule non doublée.
- Une vingtaine de chansons écrites spécifiquement pour le film (paroles de Jacques Demy)….
- Et j’en oublie…
C’est comme au « Théatre ce soir », il faudrait tous les citer !
… Mais aussi un cinema unique en son genre
Il y avait bien eu précédemment les Parapluies de Cherbourg, mais ce dernier tenait plus du mélodrame chanté que d’une comédie musicale, au sens américain du terme.
Dans cet univers coloré précurseur des sitcoms françaises (les moyens en moins…) et bien loin de l’époque des pavés de 68, Jacques Demy nous fait rentrer dans un pays magique.
Une fois passé le pont transbordeur de la ville, nous nous sentons immédiatement dans une féerie aux couleurs acidulées :
- les jumelles la chanson aux lèvres, le cœur en bandoulière, attendent leurs princes charmants
- un monde provincial, quotidien, de petites boutiques et de petits boulots où tout le monde est gentil et la vie simple
- des méchants pas si dérangeants (un rival, le maniaque Dutrouz , la présence de la guerre manifestée par le passage de troupes de soldats…)
- des rendez-vous manqués, des chassés-croisés qui finiront par s’arrêter
- une ode à la joie de vivre (Demy voulait intituler son film la Joie)
- et enfin l’amour, l’amour et encore l’amour…à tous les coins de rue.
Demy, c’est kitsch, mais c’est tellement beau et sensible et touchant. En fait, pour les parents, c’est comme un conte de fée pour grands. ENFIN ! Ces derniers peuvent s’offrir le même ravissement, voire le même emballement, que les petits devant Peau d’Ane. Et bien entendu, les enfants suivent aussi, surtout les filles il faut le reconnaître.
La scène culte : difficile de choisir , mais je dirais, le numéro des deux sœurs jumelles, la blonde en rose et la rousse en jaune, véritable festival d’ élégance, de brio, de couleurs, de et de musique.
Précautions à prendre
A petites doses, car l’on peut devenir assez facilement addict
Mes p’tits trucs à moi
- J’adore « parler en chantant » avec mes enfants à la « Demy » ; cela tourne assez vite au ridicule et inaudible, mais qu’est-ce que l’on peut rire !
- L’expression « faire les demoiselles », c’est désormais chez nous voir la vie en rose, jaune, blanc
- Rien de mieux comme « karaoké » que reprendre les chansons du film, avec une mention spéciale pour la chanson des jumelles (que les deux jumelles soient jumelles dans la vraie vie, fait l’objet d’une véritable fascination il y a alors toujours une sœur ou une meilleure amie qui traîne pour faire le numéro, chorégraphie y compris. Et pas besoin d’insister sur le fait que Françoise Dorléac, est morte dans un accident de voiture un mois après la sortie du film…)
Si vous avez aimé, vous pouvez voir…
“Les parapluies de Cherbourg” (1964) (en plus triste), “Peau d’Ane” (1970)
“Jacquot de Nantes » d’Agnes Varda (1990)
Bonus DVD: le très émouvant film réalisé par Agnès Varda en 1982 : « Les Demoiselles ont eu vingt-cinq ans »