Le train sifflera trois fois (High Noon)

Alors qu’il vient de se marier et va devoir rendre son étoile de shérif le soir même, Will Kane apprend l’imminent retour en ville de Frank Miller, un homme qu’il avait jadis arrêté et qui, condamné à la pendaison, avait juré de se venger. Miller doit arriver par le train de midi où trois de ses complices l’attendent. Malgré les supplications de sa femme, Kane décide de rester et tente de recruter des hommes. Mais, par lâcheté, intérêt, ou amitié pour le bandit, tous se dérobent. C’est donc seul qu’il devra livrer le combat.

20292498

 

Pays : Etats-Unis

Réalisateur : Fred Zinnemann

Année de sortie : 1952

 Distribution : Gary Cooper (Will Kane), Grace Kelly (Amy Fowler Kane), Thomas Mitchell (Jonas Henderson), Lloyd Bridges (Harvey Pell), Katy Jurado (Helen Ramírez), Otto Kruger (Percy Mettrick), Lon Chaney Jr. (Martin Howe), Ian MacDonald (Frank Miller), Lee Van Cleef (Jack Colby).

Genre : Drame, western

Durée : 85 minutes

Age recommandé : à partir de 12 ans

Public : tous publics

Niveau de difficulté culturelle   (de 0 à 5) : 1

Contexte historique : XIXème  dans l’Ouest des Etats-Unis, au moment de la Ruée vers l’Or

Principaux thèmes traités : engagement, courage, honneur, intérêt collectif, amitié, déception, trahison, lâcheté, solitude, duels….

 Précautions à prendre

Aucune. Prévenir peut-être que c’est un peu lent et qu’il n’y aura pas de beaucoup de fusillades.

 

Un western à part

Habituellement, les westerns, c’est pas mon truc….il y en aura peu dans ce livre, alors que c’est un registre assez facile pour les enfants…

Ici rien de ce que l’on attend habituellement d’un western : il est tourné en noir et blanc, ce qui était rarissime pour les westerns en 1952, il y a très peu de scènes d’actions, pas de grandes poursuites à cheval dans des décors grandioses, de fusillades interminables et d’histoires d’amour mièvres, de manichéisme trop affirmé….

« Le train sifflera trois fois » se déroule approximativement en temps réel, comme l’illustrent les plans récurrents montrant le cadran de l’horloge du bureau du shérif. L’action du film débute en effet à 10h40 pour se terminer peu après midi, et sa durée est de 85 minutes. Unité de lieu, de temps et d’action, les éléments de la tragédie, tels qu’édictés par Aristote dans sa « Poétique », sont là.

Question distribution, on est quand même dans du lourd : premier grand rôle pour Grace Kelly en jeune Quaker, première apparition de Lee Van Cleef, fou d’harmonica et surtout Oscar du meilleur acteur pour Gary Cooper.

La chanson du générique (en français « si toi aussi, tu m’abandonnes » de Dimitri Tiomkin) ainsi que les images sont sobres. Pour autant, la mise en scène très étudiée et symbolique ; High Noon est ainsi composé de trois éléments visuels récurrents : tout d’abord, le plan fixe sur la voie ferrée, qui signifie la menace attendue. Ensuite, le parcours désespéré du shérif qui cherche de l’aide dans toute la ville. Enfin, les horloges, de plus en plus grosses à l’image et de plus en plus souvent montrées au fur et à mesure que la menace se rapproche. On pourrait également ajouter les visages muets et menaçants des desperados qui reviennent sans cesse, sûrs de leur vengeance. La tension est à son comble et Sergio leone n’a pas tout inventé !

Non, là, on est dans du drame, du symbolique et du psychologique, mais en toute sobriété et c’est probablement pour cela que je l’aime. C’est définitivement un western à part, le 27ème film classé dans les 100 meilleurs films mondiaux et cité à plus de cent reprises dans les films qui l’ont suivi. Du culte, quoi !

 

On se retrouve toujours tout seul ….

 Le titre original du film joue sur le double sens de l’expression High noon. Au sens propre, elle signifie plein midi, mais au sens figuré elle désigne l’heure de vérité. Après le film, « to be high noon » est devenu une expression, qui signifie « être complètement seul avec de gros problèmes ».

Et c’est bien le thème central: l’ex shérif se retrouve tout seul pour défendre la ville et…il a PEUR . Là encore, posture inhabituelle pour un shérif.

Il se lance dans une marche désespérée et inlassable au milieu d’une ville qui le rejette. Il en arpente les rues sans cesse en quête d’hommes pour lui prêter main forte. Tous se défilent : sa femme, un jeune futur shérif, les bons chrétiens de la ville lui rejetant même la faute, un vieillard expliquant hypocritement qu’il serait un fardeau.

Sa recherche est intense et déchirante. Il est l’image même de l’isolement et de la solitude.

Il sera ainsi seul contre tous, et devra se livrer à un duel suicidaire. Quelque chose est définitivement cassé et Cooper et Grace Kelly quittent la ville sans un mot, avec un soupçon de mépris et d’amertume.

Ce film est avant tout une oeuvre centrée sur la nature humaine, sur ses défauts plutôt que sur l’héroïsme habituellement vanté dans les westerns.

Il faut également le situer dans le contexte de l’époque pour comprendre que ce film est une allégorie du maccarthisme, l’attitude des habitants de la ville étant censé être le reflet de celle des professionnels du cinéma qui dénonçaient leurs collègues. Carl Foreman, le scenariste, fut d’ailleurs placé sur la liste noire peu après sa sortie.

Le film en lui-même fut un acte de courage…..

 

Ma scène culte :

La scène où tous se défilent.

 

Mes p’tits trucs à moi                                                                                               

  • T’as déjà été High Noon, toi ?
  • De l’art et de la manière de se défiler….
  • Et oui, eux aussi les héros ont peur…

 

Si vous avez aimé, vous pouvez voir…

« 7 hommes à abattre » de Budd Boetticher (1956), « Le bon, la brute et le Truand » de Sergio Leone (1966), « Il était une fois la révolution » de Sergio Leone (1971) ; « Il était une fois dans l’Ouest » de Sergio Leone (1968), « Les 7 mercenaires » de John Stuges (1961).

 

Dans le registre « je me sacrifie pour tous les autres » : « JFK » d’Oliver Stone (1991), Erin Brockovich de Steven Soderbergh (2000).

 

 

 

Laisser un commentaire