Le Bon, la Brute, et le Truand

Pendant la Guerre de Sécession, trois hommes, préférant s’intéresser à leur profit personnel, se lancent à la recherche d’un coffre contenant 200 000 dollars en pièces d’or volés à l’armée sudiste. Tuco sait que le trésor se trouve dans un cimetière, tandis que Joe connaît le nom inscrit sur la pierre tombale qui sert de cache. Chacun a besoin de l’autre. Mais un troisième homme entre dans la course : Setenza, une brute qui n’hésite pas à massacrer femmes et enfants pour parvenir à ses fins.

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Pays : Italie

Réalisateur : Sergio Leone

Année de sortie : 1966

 Distribution : Clint Eastwood (Blondin), Lee Van Cleef ( Setenza), Eli Wallach (Tuco), Aldo Giuffré

Genre : Western

Durée : 2h41

Age recommandé : à partir de 10-11 ans

Public : tous

Niveau de difficulté culturelle   (de 0 à 5) : 2

Contexte historique : L’Ouest des Etats-Unis pendant la guerre de Sécession

Principaux thèmes traités : trahison, amitié, cupidité, Guerre, western, duels, trésor

 

 

Une pure leçon de cinéma

 Au milieu des années 60, Hollywood s’était lassé du western. Sergio Leone réussit néanmoins à relancer le genre, mais à sa « sauce » ; c’est ce que l’on appela le « western spaghetti » :

– un cinéma italien tourné en Espagne (dans le désert de Tabernas, en Andalousie) avec l’approbation du régime franquiste et avec l’assistance de l’armée espagnole

– pas le manichéisme habituel des cow-boys contre les indiens, mais des personnages plus complexes. Les protagonistes sont des anti-héros bien souvent avec une plus grande psychologie

– un peu plus d’hémoglobine

– et aussi de l’humour, même si c’est souvent humour noir.

Autant les westerns m’ont toujours ennuyé, autant je me régale avec les films de Sergio Leone. Il y a surtout sa façon incroyable de tourner : lumière et ombre en s’inspirant de Vermeer et de Rembrandt, angles de caméra très largement ouverts sur des paysages imposants, mais aussi utilisation de cadrages originaux et très expressifs (comme des contre-plongées, l’encadrement de la scène dans des fenêtres ou des cordes de potence, etc.) ou des cadrages très serrés (gros plan sur un regard, une main sur une gâchette, la sueur qui ruisselle…), silences pesants (la première phrase du film est prononcée au bout de 10 mn). La musique d’Ennio Morricone, joue également un rôle capital, lente et rythmée, elle s’accélère progressivement pour faire monter l’intensité dramatique lorsque le scénario le réclame.

Tout était réglé dans le moindre détail. Son producteur de l’époque raconte que Sergio Leone à la fin d’une journée de tournage voulait juste régler un détail, « le détail de l’éperon ».  Ce détail requérait simplement 300 figurants, des diligences, des cavaliers, des soldats et tout le reste.En effet, oui, ce n’était qu’un détail de l’éperon, mais en arrière-plan, il voulait voir toute la vie de la ville, avec les gens qui marchent et les cavaliers qui passent. Cette anecdote devint une légende dans le monde du cinéma. Chaque fois qu’un réalisateur dit : « Il ne me manque qu’un détail », il faut s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un autre détail de l’éperon.

Tout cela en fait un pur chef d’œuvre auquel il faut absolument initier nos petits, rien que pour le plaisir des yeux.

 

De vraies gueules…

Mais au-delà de la réalisation, il y a aussi des vrais personnages qui nous sortent là encore des héros de western un peu éculés.

Après «Pour une poignée de dollars » et de « Et pour quelques dollars de plus » et dans une sorte de trilogie de « l’homme sans nom », Sergio Leone augmente de deux à trois le nombre de protagonistes. Clint Eastwood et Lee van Cleef partagent l’écran avec Eli Wallach. Ils sont censés incarner chacun un personnage précis (le bon, la brute ou le truand) et pourtant, le mélange des genres est permanent .

– Blondin, le bon, mais qui n’hésite pas à trahir son compagnon de voyage pour l’appât du gain ;

– Setenza, celui qui reste vraiment méchant et qui pour la petite histoire avait une peur bleue des chevaux !

– et surtout Tuco, crapule amorale, ignoble, dont la liste des méfaits peut se décliner en chapelet mais qu’on ne peut s’empêcher de trouver sympathique, truculent et incroyablement drôle.Au final, il sait être touchant avec toute cette tendresse et cette humanité blessée.

« Nous avons tous quelque chose de bon, de mauvais et de laid en nous »

 

La scène culte : la séquence du duel à trois dans le cimetière, une des plus célèbres dans l’histoire du cinéma.

 

Mes p’tits trucs à moi 

– Faire repérer aux enfants des scènes aux effets de mise en scène particulièrement caractéristiques

– Chanter l’air (hurlement de coyotes) d’Ennio Morricone pour annoncer l’arrivée  d’un événement particulier. Comment faire ? Deux voix masculines chantaient l’une par dessus l’autre, l’une criant A et l’autre EH . Les AAAAH et les EEEEH résultants permirent d’imiter avec éloquence l’animal et d’évoquer la férocité de l’Ouest sauvage. Simple, non ?

– « Le monde se divise en deux catégories : ceux qui passent par la porte, et ceux qui passent par la fenêtre. » (Tuco), bonne réplique à utiliser pour impressionner quelqu’un. Malheureusement, cela ne dure que quelques secondes.

 

Précautions à prendre 

Quelques longueurs probablement, mais qui permettent néanmoins d’apprécier les détails du film.

 

Si vous avez aimé, vous pouvez voir…

“Il était une fois dans l’Ouest” de Sergio Leone (1968), “Il était une fois la Révolution” de Sergio Leone (1976), “Il était une fois en Amérique” de Sergio Leone (1983),

«Pour une poignée de dollars » (1964) et de « Et pour quelques dollars de plus » (1965), Mon nom est Personne” de Tonino Valerii et Sergio Leone (1973).

 

Dans le registre « des westerns malgré tout  » : « Les 7 mercenaires” de John Sturges  (1961), “Rio Bravo” d’Howard Hawks (1959), Le train sifflera trois fois de Gred Zinneman (1952)

 

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