Le journaliste du New York Times, Sydney Schanberg, veut sauver la vie de son correspondant local, Dith Pran, resté au Cambodge, alors que les Khmers rouges ont conquis le pouvoir et ont interné l’ensemble de la population dans des camps.

Pays : France
Réalisateur : Roland Joffé
Année de sortie : 1984
Distribution : Sam Waterston (Sydney Schanberg), Haing S. Ngor (Dith Pran), John Malkovich (Al Rockoff), Julian Sands (Jon Swain), Craig T. Nelson (l’attaché militaire), Spalding Gray (le consul américain), Bill Paterson (le docteur MacEntire).
Genre : drame
Durée : 138 mn
Age recommandé : à partir de 12 ans voire 13 ans
Public : public aguerri
Niveau de difficulté culturelle (de 0 à 5) : 2
Contexte historique : Le Cambodge sous Pol pot (1975-1979)
Un film dur et réaliste
Ce qui s’est passé au Cambodge sous le régime de Pol Pot de 1975 à 1979 est une véritable abomination, ayant provoqué la mort de plus de 2 millions de morts, et ce dans l’indifférence quasi-générale.
« La déchirure » est un film dur et réaliste. A travers l’histoire vécue d’un journaliste américain et d’un cambodgien, il décrit les suites désastreuses de l’engagement américain au Cambodge pendant la Guerre du Vietnam et la mise en place du pouvoir khmer. Il montre comment, et on en a aussi l’illustration dans « Le dernier empereur » de Bernardo Bertolucci (1987), l’idéologie de la création d’un homme nouveau va faire les pires ravages dans un pays de grande culture, ? Comment l’homme peut-il aller aussi loin dans l’inhumanité, l’absence de raison et de tout sentiment ?
Le film insiste moins sur le contexte géopolitique de l’époque mais surtout sur les atteintes à la dignité humaine causées par cette violence impersonnelle et totalitaire : embrigadement des enfants dès le plus jeune âge, destruction de toute notion de famille, et extermination d’un peuple forcé à vivre dans les campagnes…. où pour survivre il faut faire semblant d’être stupide.
Même si on ne voit pas beaucoup de scènes de tueries, la scène de la rizière transformée en ossuaire suffit à évoquer beaucoup de choses.
Les dernières images seront pour les orphelins estropiés dans les camps à la frontière.
Roland Joffé n’a pas fait beaucoup de films, il obtiendra la Palme d’Or à Cannes en 1986 pour « Mission ». Il fallait un certain courage pour faire un tel film en 1984, même si les rubriques du journaliste tenant le premier rôle, avaient été publiées depuis 1976.
Alors faut-il montrer ce film à nos ados ? Sans aucun doute, la réponse est oui et ce d’autant que justice n’a jamais vraiment été rendue : Pol Pot, est mort de vieillesse en 1998, quelques leaders sont en cours de jugement mais les procès trainent….
N’oublions pas, il y a eu plus de 2 millions de morts….
De l’amitié avant toute chose
Le film est inspiré de la véritable histoire de Sydney Schanberg, qui obtint le Prix Pulitzer en 1976 et de Dihn Pran , interpreté par Haing S. Ngor, lui-même déporté. Ce dernier reçut pour ce film l’oscar du meilleur second rôle.
C’est une des plus belles histoires d’amitié entre deux hommes qui nous est ici livrée. Pran a sauvé la vie du journaliste américain au moment de l’arrivée au pouvoir des Khmers. Sydney n’a pas réussi à emmener avec lui Pran au moment de l’évacuation et l’a laissé dans les mains des bourreaux en direction des camps.
Sydney reproduit ici le schéma intolérable conduit au niveau politique par le gouvernement de Nixon : malgré les promesses, les Etats-Unis ont abandonné le Cambodge. Il n’aura de cesse de le retrouver afin que l’amitié et la fidelité l’emporte sur le calcul politique.
Thème politique et thème humain sont ici entremêlés, mais l’un n’est pas seulement prétexte ou toile de fond à l’autre et inversement.
On arrivera ainsi à la scène finale des retrouvailles (oups, désolée pour ceux qui ne voulaient pas connaître la fin), sur la musique mythique « Imagine ». Cette scène est incroyable, on a l’impression d’être dans une véritable histoire d’amour, où les deux hommes se regardent puis se jettent dans les bras l’un de l’autre sous le regard héberlués d’enfants réfugiés, avant de comprendre qu’ils se sont tout pardonnés.
Oui effectivement Roland Joffé joue sur nos émotions mais, je dirais qu’après tout ce que l’on vient de voir, on mérite bien cela. Un peu de douceur dans ce monde de brutes…
Ma scène culte :
Au-delà de la scène des retrouvailles, la scène de l’ambassade où les américains (dont John Malkovich) imaginent des stratagèmes pour empêcher l’arrestation de Dith Pran, au moment de l’évacuation. Une tension insupportable….
Précautions à prendre
C’est un film qui se passe dans un pays en guerre et sous un régime totalitaire. Certaines scènes peuvent être choquantes, notamment la scène de la rizière transformée en ossuaire
Mes p’tits trucs à moi
- Quand mon fils me fait une blague sur les chinois ou « les jaunes », je le remets assez vite dans le contexte ; je n’ai pas toujours beaucoup le sens de l’humour sur ces sujets-là.
- Ne jamais désespérer…
- La force de l’amitié
Si vous avez aimé, vous pouvez voir…
« Mission » de Roland Joffé (1986)
Dans le registre « saveurs d’Asie » : « Le dernier samouraï » d’Edward Zwick (2004) , « les 7 samouraï » d’Akira Kurosawa (1954), « Le dernier empereur » de Bernardo Bertolucci (1987)
Dans le registre « grande fresque historique » : Gandhi de Richard Attenborough (1982), « les 55 jours de Pékin » de Nicholas Ray (1963), « Le dernier empereur » de Bernardo Bertolucci (1987), « la liste de Schindler » de Steven Spielberg
Principaux thèmes traités : génocide, guerre, amitié, fidélité, camps, tortures …