L’ Affaire Cicéron (5 fingers)

Ankara, 1944, le valet de chambre de l’ambassadeur du Royaume-Uni propose à l’attaché d’ambassade d’Allemagne de lui vendre des photographies de documents britanniques classés top-secret. Dubitatifs, les Allemands acceptent, tout en craignant un piège. Ils donnent au domestique le nom de code Cicéron. Ayant besoin d’une façade pour masquer ses discrets rendez-vous, le valet paie une comtesse ruinée et la charge d’organiser des soirées mondaines où la diplomatie allemande pourra officiellement se rendre. Les Britanniques s’aperçoivent qu’il y a une fuite dans leurs services et envoient un agent du contre-espionnage…l_affaire_ciceron


Pays : Etats-Unis

Réalisateur : Joseph L.Mankiewicz

Année de sortie : 1952

 Distribution :

James Mason (Ulysses Diello (Cicéron)), Danielle Darrieux (Comtesse Anna Staviska), Michael Rennie (Colin Travers), Walter Hampden (Sir Frederic), Oskar Karlweis (Ludwig Carl « L. C. » Moyzisch), Herbert Berghof (Le colonel von Richter), John Wengraf (Le comte Franz von Papen)…

 Genre : Espionnage

Durée : 108 minutes

Age recommandé : à partir de 9-10 ans

Public : tous publics

Niveau de difficulté culturelle   (de 0 à 5) : 2

Contexte historique : La Turquie pendant la seconde guerre mondiale

 

 

De l’espionnage , entre Hitchock et Lubitsch …

Elyesa Bazna, dit « Cicéron », sous le nom de Diello dans le film,  était un des plus célèbres espions de la seconde guerre mondiale. L’affaire Cicéron s’inspire ainsi de faits réels, qui n’ont jamais été entièrement élucidés.

Mankiewicz a voulu faire un film  réaliste -ce sont près de 7 semaines de tournage qui ont été réalisées en Turquie, ce qui pour l’époque n’était pas courant – aux scènes de poursuite et au suspens impitoyable….. la séquence de la dernière scène de photographie exécutée par Cicéron notamment, nous prend aux tripes et personne ne moufte.

James Mason dans un de ses plus beaux rôles, joue l’espion parfait sous l’habit déguisé d’un valet flegmatique, extrêmement civilisé, brillant, sûr de lui, juste à la limite de l’arrogance, et mû par un désir de revanche sociale qui provoque en lui cet appât du gain.

C’est pour moi un des meilleurs films d’espionnage du cinéma et Hitchcock n’est pas très loin ( à commencer par la musique de Bernard Hermann).

Cependant, ce n’est pas qu’un film d’espionnage ;  l’histoire s’est trouvée enrichie de scènes de comédie sentimentale et mondaine. Le personnage de la comtesse Staviska a été créé de toutes pièces par les scénaristes afin d’ajouter une dimension romanesque au film. Des dialogues brillants à la Lubitsch qui rendent inoubliable la description du monde feutré des ambassades et des relations complexes de Diello et de la comtesse, parfois proches du sado-masochisme.

On retrouve ainsi toutes les qualités de la plupart des films de Mankiewicz : élégance et précision de la mise en scène, brio, dialogues enlevés …et surtout finesse des situations et des personnages.

Une incongruité cependant : le titre du film en anglais « Les cinq doigts » imposé par le producteur, et qui était censé symboliser l’appât du gain….Pour une fois que le titre français est meilleur…

 

Mais de l’ironie avant tout

Dans l’Affaire Cicéron, l’ironie est omniprésente. Comme le dit tr ès bien Jacques Lourcelles dans son Dictionnaire du Cinéma, plus qu’un film ironique, c’est un film « sur l’ironie même ».

 Ironie dans la description des personnages, qui nous les rend presque attachants :

  • Diello amoureux de lui-même et savourant ses propres machinations, se donne l’illusion de la supériorité mais n’est finalement qu’un pantin
  • Une comtesse à la cervelle d’un moineau qui arrive à flouer le machiavélique espion
  • Des nazis et des Alliés qui ne sont au final ni tout blanc ni tout noir.

Ironie des situations également lorsque les Nazis ont entre les mains les moyens de la victoire et les laissent négligemment s’envoler par la fenêtre. Et enfin, ironie suprême où la morale triomphe malgré tout…. Ouf, il était temps….il y a quand même des enfants dans la salle !

 

Précautions à prendre 

Aucune, mise à part prévenir que c’est en noir et blanc

 

Ma scène culte : Les dernières images, aussi mythiques que celles de « Certains l’aiment chaud » …mais je ne vous en dis pas plus…

 

Mes p’tits trucs à moi                                                                                                 

  • On est jamais sûr de l’emporter, alors il ne vaut mieux pas trop se prendre au sérieux
  • De la revanche sociale à tous les étages….

 

Si vous avez aimé, vous pouvez voir…

« Eve» de Joseph L.Mankiewicz (1950)

« Le limier » de Joseph L.Mankiewicz (1972)

« La comtesse aux pieds nus » de Joseph L.Mankiewicz (1953)

« Cléopatre » de J.L Manckiewicz (1960)

 

Dans le registre « les grands films d’espionnage » :

«  Octobre rouge » de John Mac Tirnan (1990), « Les Patriotes », d’Éric Rochant (1994), « Nikita » de Luc Besson (1990)

Principaux thèmes traités : espionnage, différences sociales, trahison, guerre, Turquie, cupidité, ambassades

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