Uter Pendragon reçoit de Merlin l’Enchanteur l’épée mythique Excalibur. A la mort d’Uter, l’épée reste figée dans une stèle de granit. Seul le jeune Arthur, fils illégitime d’Uter parvient à brandir l’épée Excalibur et devient par ce geste le roi d’Angleterre. Quelques années plus tard, il épouse Guenièvre et réunit les Chevaliers de la Table Ronde. Mais sa demi-soeur, la méchante Morgane, parvient à avoir un fils d’Arthur qui va le pousser à sa perte…
Pays : Etats-Unis
Réalisateur : John Boorman
Année de sortie : 1981
Distribution : Nigel Terry (Roi Arthur), Helen Mirren (Fée Morgane), Cherie Lunghi (Reine Guenièvre), Paul Geoffrey (Perceval), Nicol Williamson (Merlin l’Enchanteur),Robert Addie (Mordred), Gabriel Byrne (Uther Pendragon), Patrick Stewart (Leondegrance), Liam Neeson (Gauvain), Nicholas Clay (Lancelot).
Genre : Aventure, fantastique
Durée : 135 minutes
Age recommandé : à partir de 10 ans, 8 si pas peureux
Public : plutôt garçons car il y a des scènes assez barbares
Niveau de difficulté culturelle (de 0 à 5) : 2, car le film est un peu long
Contexte historique : Angleterre du Moyen-Age
UN MYTHE A L’ECRAN AUX VERTUS PEDAGOGIQUES
La légende arthurienne, mythe essentiel de l’Occident, est un ensemble de textes écrits au Moyen-âge autour de la quête du Graal et du Roi Arthur. Mais en fait, il existe plusieurs légendes arthuriennes, selon les récits de différents auteurs qui ont au fil du temps enrichi les textes au XIIIème siècle (les faits relatés auraient eu lieu bien avant, autour du VIème siècle).
C’est pourquoi, si John Boorman dans son film a fait certains choix d’adaptation en fusionnant certains personnages (fusion de Morgane, demi-sœur d’Arthur, acharnée à la perte du roi, et de Viviane, fée à la jeunesse éternelle qui séduit Merlin, Morgane et de la sœur incestueuse d’Arthur, mère de Mordred….), ce n’est pas bien grave… Ni nous (les parents de façon générale) ni eux (les enfants ) ne sommes des spécialistes allant jusqu’à s’offusquer d’un éventuel respect de vérité historique ou de fidélité aux textes . De même, la référence chrétienne du Graal n’est pas évoquée, alors que certains récits peuvent en faire le symbole de l’instauration du christianisme de la primauté du religieux sur le temporel.
Excalibur est malgré tout, une grande leçon d’histoire ou plus exactement, est un bon complément à l’enseignement historique donné sur cette période. En tous cas, ce fut l’occasion pou moi de faire quelques révisions, et surtout de me rendre compte que mes enfants en savaient beaucoup plus que moi sur la question….
Le film épouse à peu près exactement la vie d’Arthur (naissance d’Arthur, Arthur s’empare d’Excalibur, siège de Cameliard, réunion de la Table ronde, faute, Perceval atteint le Graal, mort d’Arthur), ce qui permet une meilleure compréhension de la légende.
On pourra faire remarquer aux enfants que dans les films, certaines scènes semblent se répéter et se répondent deux à deux, comme celles des coups de foudre (celui d’Uter, celui d’Arthur). les sièges de châteaux (Cornouailles, Cameliard) ; les métamorphoses (celle d’Uter, celle de Morgane) ; les conceptions (celle d’Arthur, celle de Mordred), etc. On a ainsi le sentiment que l’histoire se répète, comme s’il y avait des cycles avec des événements récurrents : c’est là la dimension du mythe avec ses « éternels retours ».
Bref, l’exercice pédagogique est tout à fait réussi, et en plus on en prend plein les yeux !
MEME UN PEU KITSCH, C’EST DU GRAND GRAND SPE–CTA–CLE
Excalibur est une sorte d’Opéra cinématographique. Peut-être même, cela pourrait être une première initiation à l’Opéra lui-même qui sait…
Pratiquement tous les sens sont sollicités par :
- – les images et notamment le jeu des couleurs choisies
- – la mise en scène des plus théatrales
- – la musique et ce n’est pas un hasard si des morceaux sont extraits de la tétralogie wagnerienne et de Carmina Burana de Carl Off
- – le jeu des comédiens très bien dirigés et excellents (un petit faible pour Gabriel Byrne, mais qui meurt vite…) Certes c’est un film sombre, mais il y a comme une esthétique du surnaturel, une théatralisation d’ensemble où tous les sens sont sollicités. Par exemple, la première scène d’ouverture montrant l’épée d’argent – symbole de l’union de la nature et de l’homme – émergeant des eaux brandies, au ralenti par une main féminine dans un silence et un calme complet, est en complète rupture avec la deuxième scène au climat de luttes intestines, de corps transpercés et ensanglantées, de forêts brulées….Sans parler des scènes cultes de chevauchées fantastiques auxquelles on ne peut que succomber. Il y a des côtés un peu kitsch il est vrai : le ton des comédiens est parfois un peu incantatoire, les armures omniprésentes, même en dehors des scènes de bataille…c’est parfois too much, , cela a un peu vieilli évidemment, même si cela convient finalement assez bien à l’univers surnaturel du film ; ainsi les couleurs défraichies ne choquent pas et les effets spéciaux un peu dépassés sont tolérés.
Bref, il faut pouvoir rentrer dans le film dès le début. Certains adultes y peineront peut-être mais les petits n’y auront sans doute aucun mal, surtout pour les garçons en mal de conquêtes chevaleresques!
Précautions à prendre
Deux scènes sont à éviter ABSOLUMENT :
- – au moment où Uter s’accouple avec Igrayne, épouse de son adversaire, en se faisant passer pour lui
- – au moment où Morgane séduit Arthur pour concevoir un fils
MES P’TITS TRUCS A MOI
– la bande originale du film d’Excalibur comme tentative d’initiation à la musique lyrique
– l’image de l’épée d’Excalibur comme image de sa propre destinée : pour chacun d’entre nous, il existe une épée qui nous attend et que nous serons seuls capables de déterrer
– de la façon dont un destin peut basculer facilement à partir d’un seul acte : exemple du roi Uter en tombant amoureux de la femme de son ennemi.
Si vous avez aimé, vous pouvez voir…
« La forêt d’émeraude » de John Boorman (1985) Dans le registre « sabres et épées » : « Le dernier samouraï » d’Edward Zwick (2004), « Gladiator » de Ridley Scott (2000).
Principaux thèmes traités : chevalerie, honneur, trahison