Un champion de tennis rencontre dans un train un inconnu qui lui propose un marché bien spécial : il supprime sa femme envahissante si celui-ci se charge d’éliminer son propre père afin d’obtenir son héritage. Le joueur de tennis, pensant avoir affaire à un fou, laisse passer le marché et finit par l’oublier. Quelque temps plus tard, sa femme est assassinée…

Pays :Etats-Unis
Réalisateur : Alfred Hitchcock
Année de sortie : 1951
Distribution : Farley Granger (Guy Haines), Ruth Roman (Anne Morton), Robert Walker (Bruno Antony), Marion Lorne (Madame Antony), Leo G. Carroll (le sénateur Morton), Patricia Hitchcock (Barbara Morton), Jonathan Hale (Mr. Antony), Laura Elliott (Miriam Joyce Haines), Howard Saint-John (le capitaine Turley), Norma Varden (Mrs. Cunningham), John Brown (le professeur Collins), Robert Gist (Leslie Hennessy)
Genre : policier
Durée : 97 mn
Age recommandé : à partir de 10-11 ans
Public : tous
Niveau de difficulté culturelle (de 0 à 5) : 2 car il faut suivre l’intrigue et donc être un minimum concentré
Contexte historique : L’Amérique des années 50
Précautions à prendre Pas de difficulté si ce n’est qu’il faut arriver à surmonter la classique réticence au « noir et blanc « et que c’est aussi un film très noir….
Hitchcock dans toute sa splendeur
C’est bien simple, « l’inconnu du Nord Express » est considéré comme le meilleur film de la carrière d’Hitchcock. Cela commence par un long plan de chaussures de deux messieurs qui se frôlent et cela ne finit par un briquet lâché d’une main.
Tout y est :
- le scénario ensorcelant et le suspens diabolique qui font qu’au bout de cinq minutes du film, nous nous retrouvons pris au piège pour les cent qui vont suivre ; Le film est adapté d’un roman de Patricia Highsmith, dont Hitchcock acheta les droits anonymement pour en faire baisser le prix : il put ainsi les acquérir pour 7500 dollars, soit pas grand chose, paraît-il. Pas fou, l’Alfred ;
- de véritables arabesques visuelles. François Truffaut dira que ce film ressemble étrangement à un graphique tant la stylisation est travaillé. Il est vrai que l’on se croirait presque dans une bande dessinée, le mouvement de la caméra en plus ! On pense bien évidemment aux scènes du meurtre, réflechi dans les lunettes de la victime, le final du manège qui s’emballe, la partie de tennis de Guy montée en parallèle de la progression de Bruno vers la fête foraine ;
- la musique inquiétante ponctuant les scènes de suspens ;
- l’humour, bien qu’ici assez noir, notamment lorsqu’au moment crucial, le briquet a le mot de la fin ;
- le thème du meurtre et de la culpabilité ;
- et bien évidemment le scénario diabolique ;
Contrairement à de nombreux « Hitchcock », il n’y a pas de grandes stars au générique (si ce n’est sa fille…), mais ce n’est pas forcément très grave, le talent du réalisateur suffisant amplement !
On est scotché à son fauteuil, et les séries d’aujourd’hui, même avec leurs effets spéciaux, font pâle figure!
De part delà le bien et le mal
C’est un film noir, définitivement. Dans la série des psychologies criminelles, Hitchcock jubile sur le thème de l’échange des culpabilités et où le Diable joue avec sa créature.
Mais ce que j’ai aimé dans ce Hitchcock-là et ce qui fait que j’ai aimé le voir avec mes enfants, c’est qu’à un aucun moment, on ne tombe dans le manichéisme. Il n’y a pas pour Hitchcock de faux coupable Au premier abord, les rôles semblent bien définis : Bruno est le mal, Guy le bien. Mais après réflexion on s’aperçoit que si Bruno est incontestablement le mal, Guy n’est que la vitrine sociale de ce même mal. A aucun moment il ne tente de « dénoncer » réellement le crime de Bruno et sous ses protestations se cache sa profonde satisfaction : il est enfin libre –satisfaction qu’il partage avec Ann-. En fait, son seul problème est de s’extirper du piège que tisse Bruno autour de lui.
Les coupables deviennent presque innocents et les innocents presque coupables. Ne peut-on pas même dire que Guy a réussit le crime parfait, crime dont nous ne voyons que le reflet dans les lunettes de la victime, comme s’il était, en fait, commis par le reflet du véritable tueur ?
Ma scène culte :
Pour la beauté du plan uniquement (et non du geste), la scène de l’étranglement, fille de Hitchcok, petite soeur binoclarde, avec le reflet du tueur dans mles lunettes lunettes. C’est mythique, mais dur pour les âmes un peu sensibles….
Mes p’tits trucs à moi
Comme dans tous les Hitchcok, il s’agit de voir le premier le « caméo » du film. En termes cinématographique, un caméo, c’est l’apparition fugace dans un récit d’un acteur, d’une actrice, du réalisateur ou d’une personnalité. C’est avant tout un clin d’œil et avec Hitchock, c’est toujours un clin d’œil malicieux.
Pour les parents qui veulent à gagner à tout prix, c’est au début, à la gare de Metcalf, le voyageur qui monte dans le train avec une contrebasse.
Si vous avez aimé, vous pouvez voir…
Tous les Hitchcok en général et en particulier “l’homme qui en savait trop”, “l’assasin habite au 21”, “la mort aux trousses”.
Dans le registre « thriller un peu effrayant » : “Usual suspects” de Bryan Singer (1995), “La nuit du chasseur” de Charles Laughton (1955), “Match Point” de Woody Allen (2004), “le talentueux Mr Ripley” de Anthony Minghella (2000).
Principaux thèmes traités : meurtre, manipulation, adultère, tennis, ambition, folie, chantage, culpabilité
Bonus DVD: Documentaire sur Hitchcock muet et sans possibilité d’avancer…bref un peu laborieux