Les 400 coups

À la fin des années 1950, Antoine Doinel, 12 ans, vit à Paris entre une mère peu aimante et un beau-père futile. Il a une adolescence turbulente. Il ment à ses parents indifférents à son sort, vole, fugue. Son seul réconfort, il fait les quatre cents coups avec son ami René. Un jour, la police s’en mêle.

Pays : France32082

Réalisateur : François Truffaut

Année de sortie : 1959

Distribution : Jean-Pierre Léaud (Antoine Doinel), Claire Maurier (Gilberte Doinel (la mère)), Albert Rémy (Julien Doinel (le beau-père)), Patrick Auffay (René Bigey (le copain)),  Armand Coppello (Petit peu ( copain ))

Genre : Drame

Durée : 1h39 minutes

Age recommandé : à partir de 12  ans

Public : plutôt pour les garçons mais aussi pour tous les casse-coup !

Niveau de difficulté culturelle   (de 0 à 5) : 1

Contexte historique : Paris du début de la Vème République

Précautions à prendre

C’est du noir et blanc bien sûr, mais c’est tellement beau !

Il y a aussi certains passages qui peuvent choquer les jeunes oreilles, notamment dans la scène du psychologue sur la rue St Denis. De même, les enfants y boivent et fument des cigares…

 

Nouvelle vague

 Les « 400 coups » constitue un des premiers films de la nouvelle Vague. Sans vouloir faire de nos petits des experts de cinéphilie, quelques explications pourront être données en début de film.

La Nouvelle Vague est un mouvement cinématographique apparu en France à la fin des années 1950.Il s’agit de nouveaux films distribués en 1959 réalisés  par François Truffaut, mais aussi Jacques Rivette, Jean-Luc Godard, Agnès Varda, et Eric Rohmer. Ce furent souvent des critiques  passés à la caméra, issus de la revue d’André Bazin, les Cahiers du cinéma. Ce film est d’ailleurs dédié à André Bazin qui mourut le premier jour du tournage.

Le mouvement n’est pas le fruit d’une longue recherche sur le cinéma, mais le produit immédiat d’une époque et le fruit de la rencontre de ces  jeunes cinéastes. Il s’inscrit dans le contexte historique de l’époque et traduit les mouvements de société : début des Trente Glorieuses, des révoltes étudiantes, guerre d’Algérie, Mouvement de libération des femmes. Le cinéma se fait ainsi miroir de l’époque. On dira plus tard que ces films ont  anticipé avec une prémonition rare, les événements de 68.

D’un point de vue technique, on retrouve dans « les 400 coups » tous les ingrédients qui font la Nouvelle Vague à l’époque : décors naturels, prises de vue en extérieur, situations et personnages tirés du quotidien, langage de tous les jours, mise en scène décomplexée et audacieuse… A ceci s’ajoute la partition de Jean Constantin , la beauté de la photographie de Henri Decae, qui nous offre un Paris magnifié. C’est un peu du Doisneau mais sans arrêt sur image. Il y a aussi le temps d’une scène, Mademoiselle Jeanne Moreau et Jean-Claude Brialy, l’apparition fugace de Jacques Demy en policier, et une jeune assistant réalisateur prometteur, Philippe de Broca. Et puis, le meilleur pour la fin, le jeu étonnant de Jean-Pierre Léaud, qui du haut de ses 14 ans porte tout le film.

Mais c’est surtout la fraicheur et la liberté de ton qui fait de ce premier long metrage un chef d’œuvre. C’est à la fois totalement novateur mais surtout infiniment bouleversant. Le regard sur l’enfance de Truffaut  est empreint d’une humanité et d’une tendresse sans borne. C’est à la fois un délicat et détonnant mélange de gravité et de sensibilité, des traits d’humour, dans lequel chacun se retrouve.

Le film remporta le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1959  et séduit le public à sa sortie à égalité  avec La Mort aux trousses d’Alfred Hitchcock. Na !

 

 Adolescence à fleur de peau

Les « 400 coups » s’inspire fortement de la véritable histoire du cinéaste et de son ami Robert Lachenay, par ailleurs assistant sur le film. Le père de Truffaut s’opposera d’ailleurs violemment à la sortie des  400 Coups.

Truffaut se penche dans ce film sur cet état étrange entre la prime jeunesse et l’adolescence, sur cet âge où l’on a encore de charmants réflexes de gosse et un langage d’homme plus sérieux que les hommes.

Il y ajoute une peinture acerbe mais jamais caricaturale de la société de l’époque, le Paris de 1958 entre la Place Pigalle et la Place Clichy : c’est l’époque de la Guerre d’Algérie, de la crise du logement (dont le film se fait l’écho), du retour du général de Gaulle au pouvoir (on aperçoit dans les rues des affiches des élections législatives de l’automne 58 , de la transformation du modèle familial avec les deux parents qui travaillent et enfin, le règne de l’autorité abrupte avec le maître d’école, le juge et les Centres d’observation et Institutions publiques d’éducation surveillée.: « La récréation n’est pas un dû, c’est une récompense » dira le maître d’école Petite Feuille  … Tout un monde !

Montrer ce film à des enfants, c’est leur montrer tout cet univers, qui est plus celui de leur grand-parent que de leur parent d’ailleurs. Cela leur sera à la fois assez lointain, la société a connu moult bouleversements depuis, mais aussi très proche. Le désarroi affectif , le besoin de liberté et la fuite en avant de l’adolescent sont de toutes les époques.

On pourrait se dire que ce n’est pas un film à montrer à ses enfants. Je ne suis pas de cet avis. Chacun d’entre eux pourra trouver ce qu’il veut dans ce film, que ce soit la mise en lumière des injustices qu’il subit au quotidien ou bien la conscience d’un sort finalement pas si terrible. Dans tous les cas, il se sentira concerné et surtout comme l’exigeait Truffaut de ses spectateurs, il « vibrera », tout autant que ses parents. Et pourra peut-être sortir de ces moments partagés et quelque soient les climats familiaux , qu’un peu plus de compréhension mutuelle. C’est le pari que j’ai fait, en tous cas.

 

Mes p’tits trucs à moi                                                                                               

  • Tu as de la chance de ne pas avoir une mère à la Antoine Doisnel
  • L’escalade de la fugue
  • Quand tu dois inventer des excuses, au moins choisis-les bien !

 

Ma scène culte

La scène d’Antoine chez le psychologue, avec Jean-Pierre Léaud en totale improvisation et en son direct (et non en post synchro comme le reste du film)…ou bien la scène de la fête foraine où Antoine se retrouve collé au mur du manège.   

Si vous avez aimé, vous pouvez voir…

« Baisers volés » (68),  « Domicile conjugal » (71), « L’amour en fuite » (78) pour les suites des aventures d’Antoine Doisnel, mais déjà beaucoup plus des films d’adulte

“L’argent de poche” (1976) et dans des styles très différents : “Le dernier metro”(1980)

et surtout “La nuit  américaine” (1973)

 

Dans le registre « passage de l’enfance à l’adolescence »

“L’effrontée” de Claude Miller (1985), « Zero de conduite »de Jean Vigo (1933), « Va, vis et deviens” de Radu Mahaileanu (2004).

 

Principaux thèmes traités : enfance, adolescence, fugue, conflit, fuite, parents, mode de vie , Paris

 

Bonus DVD: court métrage « Les Mistons« , séquences de casting du film…hilarant !

 

 

 

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