L’effrontée

Charlotte, treize ans, en a terminé avec l’enfance et si elle sait ce qu’elle ne veut plus l’être, elle ne sait pas encore ce qu’elle veut devenir. L’adoration que lui voue Lulu, une petite voisine de six ans, l’agace, et elle est fascinée par Clara Bauman, enfant prodige et pianiste surdouée qui a le même âge qu’elle.

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Pays : France

Réalisateur : Claude Miller

Année de sortie : 1985

Distribution : Charlotte Gainsbourg  (Charlotte), Bernadette Lafont (Léone), Jean-Claude Brialy (Sam), Julie Glenn (Lulu), Clothilde Baudon (Clara Bauman), Jean-Philippe Ecoffey (Jean), Raoul Billerey (Antoine), Simon de La Brosse (Jacky)

Genre : comédie dramatique

Durée : 1h36 mn

Age recommandé : à partir de 12 ans

Public : tous

Niveau de difficulté culturelle   (de 0 à 5) : 1

Contexte historique : Une ville thermale française des années 1980

 

 

 

Un film plein de troubles

Peu de films ont à mon sens aussi bien réussi à rendre compte de cet étrange et impalpable état qu’est l’adolescence, voir plus précisément, ce moment de difficile de transition entre la fin de l’enfance et le début de l’adolescence.

Claude Miller sans jamais tomber dans la caricature, par touches successives en demi-teinte,  nous plonge dans cette atmosphère très particulière où rien n’est plus supportable ni très clair, où l’on rêve de tout mais de rien en particulier, une sorte de mélange gluant d’ennui et de colère. Les personnages sont à la fois drôles et attachants et n’ont rien de manichéen : Charlotte n’est pas une Lolita, Lulu, celle qui colle Charlotte, a oublié d’être bête, Jean est moins obsédé ou sadique que paumé, le père alterne la colère et la tendresse, Léone est à la fois complice et sévère…..Au final et à leur manière, ils sont tous en quête d’affection et peinent à communiquer. Une sorte d’adolescence partagée…en somme.

Charlotte Gainsbourg est incroyable de justesse et d’authenticité. A 13 ans, elle remportera  pour ce film le César du meilleur espoir féminin. Elle s’approprie avec grâce cette lente valse-hésitation des sentiments, nous emmène avec elle dans ses rêveries au pays de Clara et nous fait vivre ses brusques retours à la réalité de la vie jusqu’à la maladie de Lulu, dans un cri effrayant. J’aime cette phrase : « Tu trouves pas que la vie, elle est brusque ? ».

Bernadette Laffont aura également bien mérité le césar du second rôle féminin dans le rôle triple de  mère, de grande sœur et de confidente. Et tous les autres comédiens sont parfaitement dirigés sans à peu près aucune fausse note.

Au final, c’est un film grave et tendre sur l’été de première désillusion d’une jeune jeune fille en fleur. On en ressort néanmoins l’esprit léger, nous rappelant notre propre époque et voyant arriver celle de nos enfants avec peut-être un peu plus d’inquiétude…. Mais heureusement, la musique pleine d’entrain de Ricchi e Poveri – Sara Perche Ti Amo, nous rend optimiste….

 

Un film a voir avec ses ados ?

 Il peut y avoir plusieurs écoles. D’aucuns répugneront à regarder « l’Effrontée » en famille et notamment certaines scènes, par pudeur peut-être – et ne voulant pas mélanger les genres.

D’autres, auxquels j’appartiens  – et qui ne sont pas particulièrement friands de relations copains – copines avec leurs enfants – le recommandent vivement. Bien que je ne sois pas encore directement concernée par cet âge-là, je trouve que voir avec un regard extérieur des scènes qui pourraient se dérouler chez nous –  et c’est uniquement parce qu’elles sont bien traitées – est très riche pour chacun d’entre nous. L’ado se voit flatté que son état soit si bien traité et se sent peut-être mieux compris, les parents ne sont pas pour autant diabolisés et en opposition frontale permanente. Finalement, il s’agit de montrer que cette période n’est facile pour personne, même si elle est certes un peu plus difficile pour l’adolescent lui-même. On arrive même à rire de l’absurdité de certaines situations… cela permettra peut-être de nous épargner certaines déconvenues domestiques par la suite !

Et puis tout simplement, il y a l’évocation aussi de certains thèmes qui pourront peut-être ouvrir à la discussion ou en tous cas faire réfléchir les esprits. La scène de la mappemonde fracassée sur le crâne de Jean dans l’hôtel est un cas d’école parfait pour prévenir certaines fréquentations….  De même, la déception de Charlotte face aux promesses alléchantes mais non tenues de Clara appelle à une certaine prudence et le nez qui saigne de Lulu est comme une récurrente alerte de ce qu’il faut savoir profiter des êtres d’exception que l’on a autour de soi.

Merci Claude Miller pour me prêter tous vos talents pour faire passer ces délicats messages !

 

La scène culte : Lorsque Charlotte revient de sa journée passée chez Clara Baumann et qu’elle raconte

 

Mes p’tits trucs à moi 

– Partir en vacances sur la musique de Sara Perche Ti Amo,

– Raconter ma propre adolescence, en quoi c’était proche et différent

– Des personnages comme Jean, tu en as déjà rencontrés (pour des filles)?

– Pour des garçons, tes copines, elles sont comme cela ?

 

Précautions à prendre 

Il n’y a pas de scènes véritablement crues, mais néanmoins, je ne montrerai pas ce film avant 12 ans selon l’état de maturité.

 

Si vous avez aimé, vous pouvez voir

« La petite voleuse» de Claude Miller (1988), « La meilleure Façon de marcher » de Claude Miller (1976) mais avec des ados +++

 

Dans le registre « l’adolescence, une drôle de période» : « les quatre cents coups » un film de François Truffaut (1959), « La boum » de Claude Pinoteau (1980), « Le cercle des poètes disparus » de Peter Weire (1989), « Stand by me »  de Robert Reiner (1986), « Billy Elliott » de Stephen Daldry (1999)

 

Principaux thèmes traités : adolescence, mal-être, amourette, transformation physique, conflit de générations , séduction, jalousie

 

Bonus : l’interview de Charlotte Gainsbourg, si jeune et timide

 

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