La nuit, au collège de Saint-Agil, des choses étranges se passent. Et des élèves commencent à disparaître… Beaume, Sorgue et Macroy, trois élèves du collège de Saint-Agil, ont créé une association secrète dans le but de préparer un tout aussi secret projet de départ pour l’Amérique. Un soir, dans la salle de sciences naturelles, Sorgue voit un homme traverser un mur. Suite à une visite chez le directeur à propos d’un chahut, Sorgue disparaît, puis c’est au tour de ses camarades. L’établissement est en émoi. En fait, seul Sorgue a réellement été enlevé ; Macroy, lui, a fait le mur. Sous la conduite de Beaume, tous les élèves de Saint-Agil se lancent alors dans une enquête qui va leur faire découvrir l’endroit où Sorgue est retenu prisonnier. Avec ses camarades, il découvre le fameux homme invisible, et une bande de faux-monnayeurs, dont le chef est ….
Pays : France
Réalisateur : Christian-Jacque
Année de sortie : 1938
Distribution : Erich von Stroheim (Walter, le professeur d’anglais), Michel Simon (Lemel, le professeur de dessin), Robert Le Vigan (César, le passe-muraille), Serge Reggiani (un élève),Armand Bernard (Mazeau, le concierge), …
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h40
Age recommandé : à partir de 8 ans
Public : filles comme garçons
Niveau de difficulté culturelle (de 0 à 5) : 2 car fait un peu vieux film et il faut rentrer dedans
Contexte historique : France avant la seconde guerre mondiale
C’est la guerre des boutons mais façon ado
On a tous en mémoire que ce soit en livre ou en film, « la guerre des boutons » avec ce mémorable « si j’aurais su, j’aurais pas venu ». Moins fréquents sont ceux – de trente à cinquante ans – qui connaissent « les disparus de Saint-Agil », tiré du livre de Pierre Very.
Ici, pas de chérubins infernaux, de jeux cruels ni de boutons qui volent. Nous sommes dans l’univers des adolescents. L’ambiance austère, carcérale et en vase clos de la pension, pousse inévitablement quelques individus parmi les plus délurés à fonder une société secrète dont l’objectif ultime est de s’enfuir vers l’Amérique à bord d’un cargo.
Jusque-là rien de très original. Mais, là où cela se complique, c’est lorsque un puis deux puis trois enfants disparaissent mystérieusement. On se lance alors dans un tortueux jeu de piste à la Gaston Leroux dans le « Mystère de la Chambre Jaune » ou le « Parfum de la dame en noir ».
Tous les ingrédients de l’humour, du mystère et d’esprit d’enfance sont présents :
- esprit d’enfance car on est immanquablement touchés par ces petits êtres de 14-15 ans qui à la fois veulent se comporter comme des adultes mais ont des restes de chérubin bien ancrés, alternent entre courage effréné et envie de retourner se réfugier chez papa et maman ; le jeu d’acteurs est la à la fois naturel et sans mièvrerie ;
- humour c’est sûr ; on découvre ainsi le président de la confrérie des « Chiche-capons » qui n’est que le squelette de la salle de sciences naturelles et on savoure les dialogues de Jacques Prévert ; tant que l’on est dans les têtes d’affiche, on peut remarquer la présence en tant qu’élèves de Serge Reggiani et de Charles Aznavour ;
- mystère enfin, avec une intrigue à laquelle on ne croit qu’à moitié, mais qui est techniquement parfaitement rendue par le jeu de la caméra, insistant sur les clairs-obscurs, les zones d’ombre qui font parfois flirter le film avec le fantastique. De même la fluidité des mouvements de caméra qui donnent une dynamique étonnante à l’action, relativement rare pour l’époque.
Mais si c’est un film où en tant qu’adolescent on pourra se retrouver assez facilement, c’est surtout un film où la représentation des adultes y est suffisamment étonnante pour que l’on s’y arrête un instant.
C’est la guerre des boutons mais contre les adultes
Dans ce film, ce sont les adultes qui sont cause de toutes les mésaventures que ce soient l’homme invisible, les faux-monnayeurs et le directeur de la pension. Ils ont tous des physiques caricaturaux, des gueules à moitié atrophiées sans parler de ce soulard de Michel Simon qui fait un numéro exceptionnel. L’appellation de « monstre sacré » prend ici toute sa place.
On sent par ailleurs le climat de l’imminence de la guerre (nous sommes en 1938), d’une société à la veille d’une catastrophe. La méfiance à l’égard de l’étranger est le point de convergence de cette inquiétude ; la réplique « bon ou mauvais, c’est toujours avec les étrangers qu’on aura la guerre » est de ce point de vue assez illustrative.
Ce n’est pas un hasard si au final, le seul adulte accepté et intégré dans la société secrète est le professeur étranger interprété par Erich von Stroheim.
Bref, assez incroyable. Seul point noir et de taille : IL N’Y A AUCUNE FEMMMMMME !!!! Mais finalement, heureusement, vu la peinture qui est faite des adultes.
Mes p’tits trucs à moi
- Grimace pour qu’ils n’oublient pas de dire bonjour,merci et s’il vous plait : plus discret – peut-être – que le traditionnel « et le petit mot magique, alors ? »
- Si tu n’es pas sage, je t’envoie à St Agil !
Précautions à prendre
Aucune
Si vous avez aimé, vous pouvez voir :
Fanfan la Tulipe de Christian Jacque (1952)
Dans le registre « confréries secrètes du temps de l’école» : « les Choristes » de Christophe Barratier (2004), « le cercle des poètes disparus » de Peter Weir (1989), « la guerre des boutons » d’Yves Robert (1962)
Principaux thèmes traités : confrérie, pension, mystère, enfance, adolescence, camaraderie