Pour échapper au mariage avec une fille de paysans auquel on veut le contraindre, Fanfan s’enfuit de Paris et s’engage dans l’armée française, après qu’Adeline, une diseuse de bonne aventure, lui a prédit une brillante carrière, et même son mariage avec Henriette, la fille du roi Louis XV de France.
Pays : Franco-italien
Réalisateur : Christian Jacque
Année de sortie : 1952
Distribution : Gérard Philipe (Fanfan la Tulipe), Gina Lollobrigida (Adeline La Franchise),
Noël Roquevert (Fier-à-Bras, maréchal des logis), Olivier Hussenot (Tranche-Montagne)
Genre : Aventure
Durée : 1h41 mn
Age recommandé : à partir de 7-8 ans
Public : tous publics
Niveau de difficulté culturelle (de 0 à 5) : 2, pour les plus petits car il faut pouvoir suivre l’intrigue et parce que c’est du noir et blanc
Contexte historique : la campagne française au XVIIIème
Le must du cape et d’épée
« Fanfan la Tulipe » n’est pas le premier film de cape et d’épée français, mais c’est de loin un des meilleurs. « Cartouche » de Philippe de Broca n’est pas mal non plus, mais on a plus souvent l’occasion de voir Belmondo que Gérard Philipe (disparu prématurément à 37 ans d’un cancer du foie).
Ce « Fanfan la tulipe »-là est sans conteste le meilleur : personnage populaire et imaginaire du 17e siècle tiré d’une chanson, Fanfan la Tulipe a été le héros de plusieurs longs métrages (jusqu’au remake de 2002 produit par Luc Besson) et même de bandes dessinées dans Pif le chien.
Gérard Philipe y est magistral, assurant lui-même toutes les cascades, à tel point qu’il finira le tournage avec le front fendu, et la main percée par une épée. Il est sain, joyeux et plein d’humour et à lui seul, il remplace les 3 mousquetaires. Il est entouré de Noël Roquevert, trogne que l’on n’oublie pas, ainsi que de la magnifique comédienne italienne Gina Lollobrigida, au décolleté virtigineux. Ados, fermez les yeux !
Le film fut couronné d’un succès immédiat dans le monde entier, ce fut même le premier film français de l’histoire à être doublé en chinois. Déjà précursseur!
Une bonne satyre de la guerre
Mais au-delà des virevoltes et des pirouettes et sans en avoir l’air, ce film est un étonnant pamphlet contre le militarisme et l’autocratie. On est plus dans le seul registre du film de cape et d’épée. Sur le ton guilleret de la parodie, proche de celui de Voltaire dans Candide, la vision de la guerre y est effroyable.
Quelques citations, écrites par Henri Jeanson, en fournissent la meilleure illustration ; en vrac, on peut citer :
- « à cette époque où les hommes se livraient à leur plaisir favori : la guerre — le seul divertissement des rois où les peuples aient leur part »,
- « L’ironie doit aller de haut en bas, jamais de bas en haut ».
- « La crédulité est la force principale des armées ».
- « M’avez-vous au moins amené de belles recrues ? Je veux des visages avenants, grâcieux, enjoués, qui expriment la joie de vivre et de mourir s’il y a lieu ».
Il n’est ici nul besoin de scènes effroyables ou traumatisantes, les messages passent tout aussi bien : quelle absurdité et quel gâchis, notamment pour les plus faibles. Un bon conditionnement dès le plus jeune âge sur le thème du « plus jamais ça ! ».
Ma scène culte :
la poursuite à cheval en carrosse, belle cavalcade !
Mes p’tits trucs à moi
- et toi, est-ce que tu seras prêt à faire la guerre ?
- Louis XV avait-il l’air d’être un bon roi ?
- Va t’engager dans l’armée si tu n’es pas content !
Précautions à prendre
Aucune…sauf pour les plus petits peut-être la scène du début où Gérard Philipe est dans les foins…mais pas d’images, juste l’évocation des choses.
Si vous avez aimé, vous pouvez voir
« Les disparus de Saint Aigil » de Christian Jacque (1938), « La Chartreuse de Parme » de Christian Jacque (1947)
Et pour Gérard Philipe, « La Beauté du Diable » de René Clair (1949), « Les Liaisons dangereuses » de Roger Valmont (1959).
Dans le registre « incontournable film de cape et d’épée » : « Cartouche » de Philippe de Broca (1962), « Le Capitaine Fracasse » de Pierre Gaspard-Huit (1961), « Le Bossu » de André Hunebelle (1959).
Principaux thèmes traités : guerre, peuple, enrôlement, amour, cascades, aventures