De retour d’un séjour aux sports d’hiver, la jolie Reggie Lampert trouve son appartement saccagé, et apprend la mort de son mari dont elle était en instance de divorce.
L’inspecteur Grandpierre et Hamilton Bartholomew de la C.I.A. lui expliquent, que lors de la dernière guerre, son mari, avec la complicité de Tex Penthollow, Herman Scobie, Leopold Gideon et un certain « Dyle » qui fut tué, a subtilisé et caché 250 000 dollars destinés à la résistance française. Lampert a vraisemblablement été abattu parce qu’il voulait s’enfuir avec le magot qui demeure maintenant introuvable.
Reggie est inquiétée par les anciens complices de son défunt époux. Elle pense trouver un appui auprès de Peter Joshua, un séduisant célibataire dont elle fit la connaissance aux sports d’hiver. Mais il semble bientôt lui aussi lié au trio de suspects.
Pays : Etats-Unis
Réalisateur : Stanley Donen
Année de sortie : 1963
Distribution : Audrey Hepburn (Regina « Reggie » Lambert), Cary Grant (Adam Cruickshank alias Peter Joshua), Walter Matthau (Carson Dyle alias Hamilton Bartholomew), George Kennedy (Herman Scobie), James Coburn (Tex Penthollow), Ned Glass (Leopold W. Gideon), Jacques Marin (inspecteur Édouard Grandpierre)…
Genre : Comédie
Durée : 1h47
Age recommandé : à partir de 7-8 ans
Public : filles comme garçons
Niveau de difficulté culturelle (de 0 à 5) : 2, car on peut se perdre en cours de route pour savoir qui est qui
Contexte historique : Paris des années 60
Tout pour plaire
« Charade » est l’archétype de la comédie américaine naissante des années 1960. Stanley Donen, issu du monde de la comédie musicale (Chantons sous la pluie, 1952), a su évoluer avec son époque pour un film pétillant et délicieux.
Tous les ingrédients sont réunis pour un faire un film tout à fait « propre sur soi » :
- Un « duo de choc » fabuleux avec :
- Cary Grant (Archibald de son petit nom, qui inspira Ian Fleming pour le personnage de James Bond mais qui refusa de l’interpréter), séducteur sur le tard
- Audrey Hepburn archétype du charme, de la beauté, de l’élégance. Son visage, son regard, son port de tête royal, ses bonnes manières et son éducation toute aristocratique en firent le symbole de la féminité. Elle fut aussi une icône de la mode, universellement considérée comme la plus élégante vedette, ici mise en valeur par les tenues réalisées par Hubert de Givenchy
- Un rythme dans la réalisation dû à la formation de danseur et de chorégraphe de Stanley Donen
- Le cadre superbe du Paris des années 1960, des jardins des Champs Élysées, de la cour d’honneur du Palais-Royal en passant par le Metropolitain,
- Une intrigue qui tient la route, un jeu de masques et d’espionnage méritant le titre évocateur du film
- Et des dialogues excellents, qui à eux seuls méritent de voir plusieurs fois le film. Quelques exemples de tirades sont absolument géniales :
- autour de la multiplicité des personnages joués par Cary Grant (« Oh ,je vous aime Adam, quel que ce soit votre nom, et j’espère que nous pourrons avoir plein de garçons que l’on pourra appeler comme vous »),
- le jeu de séduction à peine déguisé (« que puis-je faire pour vous être agréable ? être la prochaine victime ? « , « ce serait un bon début »)
- la caricature du policier français, Inspecteur Grandpierre (« Ce nez dit quand vous mentez, il ne s’est jamais trompé, pas une seule fois en 23 ans, et c’est ce nez qui fera de moi commissaire de police »), la malice d’Audrey Hepburn inventant des phrases de Shaekspeare ne tenant pas debout…
En tout ceci, Charade est un petit bijou. Il n’y a qu’à écouter Grant, lui-même, qui lors d’une interview en 1963, dit : « Tout que je veux pour Noël est un autre film avec Audrey Hepburn ! »
Complètement loufoque
Charade est également, un film d’une grande fantaisie toute contemporaine.
Au-delà du fait qu’il n’est pas inutile de savoir que Chantal Goya y a été présente en tant que figurante, c’est un film bourré de burlesque et de fantaisie. A commencer par quelques boulettes qu’il est facile de montrer aux jeunes spectateurs ; on pourra citer :
- le passage où un des personnages rentre au Palais-Royal dans une station de métro qui devient subitement la station Saint-Jacques à Paris.
- Plus grave encore, est le fait qu’un timbre collé sur une enveloppe leur enlève beaucoup de leur valeur (il faut avoir vu le film pour comprendre la signification de cette « gaffe »)
- Un pistolet se trouve dans la prothèse de la main d’un cadavre, faisant croire qu’il a tiré avec, alors qu’il ne peut mécaniquement pas appuyer sur la gâchette.
Au-delà de ces boulettes incontrôlées mais révélatrices, Stanley Donen a voulu incontestablement donner à ce « classique » du cinéma une touche de burlesque et de farfelu.
Le film contient ainsi de nombreuses références à d’autres œuvres cinématographiques, à commencer par Vincente Minnelli, quand se promenant sur les quais de Seine, Reggie dit : « C’est ici que Gene Kelly dansait dans Un Américain à Paris ». Il y a également des références à l’œuvre d’Hitchcock aussi, avec la bagarre sur le toit qui est une allusion à Sueurs froides, et le meurtre dans la baignoire qui en est une à Psychose. Le déroulement de l’intrigue n’est pas sans rappeler La Mort aux trousses et la première scène du pistolet à eau fait évoque le même type d’humour associé souvent systématiquement au suspens.
Donen ne cesse de faire des clins d’oeil à ses maîtres : Cary Grant cite une réplique de My fair lady et Audrey Hepburn imite Ingrid Bergman dans la scène d’amour des Enchainés.
Les personnages sortent à dessein des clichés hollywoodiens : Audrey Hepburn, loin de la femme fatale, évoque en permanence la petite fille malicieuse, et Cary Grant – d’ailleurs à sa demande – est loin du grand seducteur atteint par le démon de minuit, mais presque victime de l’acharnement d’une charmante veuve. Sans parler du balourd de l’Inspecteur Grandpierre, qu’on ne peut manquer d’associer au Commissaire Clouzeau dans La panthère Rose de Blake Edwards, autre clin d’œil à un cinéma totalement farfelu.
Et enfin, quand on apprend que le film est du domaine public parce que les mentions relatives au copyright n’ont pas été indiquées dans la copie originale du film… on est finalement que très peu étonné….c’est que la fiction rattrape souvent la réalité …..
Mes p’tits trucs à moi
- pour ma fille, une fois le temps des princesses passé, c’est Audrey Hepburn qui devient le modèle de l’élégance : port de tête, tenue impeccable avec dos droit….Il faut savoir évoluer dans les références.
- Le jeu des 7 différences avec le Paris des années 1960
- Trouver la réplique du film la plus absurde
- Faire une charade à partir de l’histoire du film
Précautions à prendre
Aucune
Si vous avez aimé, vous pouvez voir…de Stanley Donen
“Arabesque” (1966), “Voyage à deux” (1967), “Chantons sous la pluie” (1952)
Dans le registre « les deux font la paire » : « Butch cassidy et le Kid”de George Roy Hill (1969), “Bonnie and Clyde” d’Arthur Penn (1967).