Will Bloom a toujours entendu de la bouche de son père, des histoires folles dont ce dernier était le héros. Lorsque le jeune homme est rappelé au chevet de l’homme mourant, il ne sait toujours rien du vrai ou du faux des ces contes. Une dernière occasion se présente à lui pour percer les mystères et les secrets de son père.
Pays : Etats-Unis
Réalisateur : Tim Burton
Année de sortie : 2003
Distribution : Ewan McGregor (Ed Bloom (jeune)), Albert Finney (Ed Bloom (âgé)), Billy Crudup (Will Bloom), Jessica Lange (Sandra Bloom (âgée)), Alison Lohman (Sandra Bloom (jeune)), Marion Cotillard (Josephine), Danny DeVito (Amos Calloway)….
Genre : Film fantastique
Durée : 120 minutes
Age recommandé : à partir de 7-8 ans
Public : tous
Niveau de difficulté culturelle (de 0 à 5) : 2, pour les petits, il n’est pas toujours facile de faire la distinction entre conte et réalité
Contexte historique : L’Amérique des années 2000
Les contes du père Burton
Ce « Tim Burton »-là ne ressemble décidément à rien d’autre. Il prend un caractère beaucoup moins gothique que les films précédents, tels qu’Edward aux mains d’argent ou Sleepy Hollow. C’est pour moi son meilleur depuis Edwood, dans le registre plus particulier des émotions.
Ici, Tim Burton semble être sorti de l’age adolescent – il a souhaité reprendre le projet initialement prévu pour Steven Spielberg, à la suite de la mort de son propre père. Il était entre-temps devenu père (avec la femme qui est la sorcière dans le film). Ici le héros n’est pour une fois pas un adolescent mais un père.
| Certes, des plans du film, tiré d’une nouvelle de Danny Wallace de 1998,
citent ses chefs d’œuvres passés : les pavillons de banlieue où chacun tond sa pelouse ou la main mécanique qu’il vend rappellent Edward aux mains d’argent et la forêt maléfique semble un prolongement de celle où mourut le cavalier sans tête de Sleepy Hollow.
Mais il donne ici plus de lui avec son imagination toujours aussi débordante dans une folle esthétique de parade post-fellinienne : sept flash back miraculeux avec des histoires de sirènes amoureuses, de géants solitaires, de sœurs siamoises évadées de la Chine communiste, d’œil de sorcière dans lequel on peut voir se refléter l’instant de sa mort et d’homme de cirque qui se transforme en chien des Baskerville la nuit tombée.
On a souvent comparé « Big Fish » à « Forrest Gump » ; la comparaison ne me frappe pas ; j’y retrouve plus du « Magicien d’Oz » dans la description de la ville de Spectre, d’ « Excalibur » pour les passages proches de la rivière et même d ‘ « Underground » d’Emir Kusturica sur l’existence d’un monde parallèle, mais avec la douce bienveillance d’un père pour son enfant.
Tim Burton reprendra par la suite son registre habituel, avec notamment les Noces funèbres en 2004. |
Big Fish aura été une jolie parenthèse….
Le monde a l’envers
Big Fish, c’est bien évidemment l’histoire d’un père et de son fils, mais ici, les schémas traditionnels sont bouleversés :
– un père, mythomane de haut vol,qui se raconte et raconte sans relâche des histoires féeriques pour mieux supporter le réel ; cet irréel baigné de personnages fantastiques – à commencer par celui d’un poisson devenu le plus gros parce qu’il ne s’est pas laissé prendre – finit à force par se transformer en sa propre réalité.
– un fils rationnel et froid, et qui en tant que journaliste ne supporte pas que son père se cache derrière des contes de fée pour ne rien dire de lui-même, et qui a souffert jusqu’à son propre mariage, de ces histoires abracadabrantes auxquelles il n’a jamais crû.
C’est le monde à l’envers : l’enfant ne croit plus aux histoires alors que son père n’a jamais arrêté d’y croire. Il y a comme une inversion naturelle qui fait qu’un homme devient le père de son père et est encore révolté d’avoir trop longtemps été infantilisé. On comprend sa rage et pourtant, plus on avance dans le film, plus on s’attache au personnage du père et on rentre dans son univers.
On se rend compte qu’il n’a pas voulu berner son fils tant il y croyait lui-même.
C’est un vibrant hommage au besoin de rêve et de magie que l’on peut continuer, même une fois adulte. Et finalement pourquoi pas ? Quel est vraiment le problème ?
A chacun de choisir…
Ma scène culte : l’enterrement filmé comme un triomphe : Will et sa mère sont rejoints par tous ceux qui ont peuplé les histoires de leur père et maris; tous juste un peu moins formidables que dans les légendes enjolivées d’Edward Bloom.
Mes trucs à moi
- « à laquelle de mes histoires ne croyez-vous pas ? »
- Comment ont-ils vécus la « vérité sur le Père Noël »
- Faire trouver des situations aux enfants sur le thème « la réalité peut-être surréaliste »
Si vous avez aimé, vous pouvez voir…
« Charlie et la Chocolaterie » de Tim Burton (2005), « les noces funèbres » de Tim Burton (2004), « Alice au pays des merveilles » de Tim Burton (2010).
Dans le registre « relation parents-enfants » : « Va, vis et deviens » de Radu Mahaileanu (2004), « Forrest Gump » de Robert Zemeckis (2004)
Principaux thèmes traités : relation père-fils, monde surnaturel, histoire pour enfants, mort des parents, féérie
Précautions à prendre
Certaines scènes peuvent être tristes pour certains enfants, notamment la mort du père