Danny, jeune homme de 17 ans, est le fils d’anciens militants contre la guerre du Vietnam. Ses parents Annie et Arthur Pope organisèrent un attentat a la bombe contre une fabrique de napalm. Un gardien mourut lors de l’explosion. Depuis, les Pope sont en fuite. Danny vit assez mal cette situation de mensonge et de dissimulation. Mais tout va basculer lors de sa rencontre avec Lorne Philips, la fille de son professeur de musique.
Pays : Etats-Unis
Réalisateur : Sidney Lumet
Année de sortie : 1988.
Distribution : River Phoenix (Danny Pope), Christine Lahti (Annie Pope), Judd Hirsch (Arthur Pope) et Martha Plimpton (Lorna Phillips).
Genre : Drame
Durée : 1h55
Age recommandé : A partir de 12 ans.
Public : Tous
Niveau de difficulté culturelle : 1, pas de difficulté particulière
Contexte historique : les banlieues américaines des années 1980.
L’engagement politique avant tout
Dans « A bout de course », Sidney Lumet s’est largement inspiré de la vie de Bernardine Dorhn et de Bill Ayers les membres fondateurs de la Weather Underground, une organisation de gauche radicale, qui, suite à une campagne d’attentats contre des batiments publics dans les années 60 et 70 en protestation contre les guerres menées par les Etats-Unis, ont vécu dans la clandestinité pendant plus de dix ans. Arthur et Annie Pope reprennent ces personnages de » Bonnie & Clyde » du pacifisme mais à ce ceci près, qu’ils sont « flanqués » de deux enfants dont l’aîné à 17 ans.
Ils sont rongés par la culpabilité, et ne pensent qu’à une chose, que leur famille ne soit pas séparée. Si l’un d’eux partait et se faisait capturer par le FBI, cela voudrait dire devoir commettre la même erreur qu’il y a vingt ans : couper tout lien entre eux comme ce qu’ont fait Arthur et Annie avec leurs parents.
Cette fidélité aux idées nous apparaît aujourd’hui bien futile, et en ce sens, le film montre assez bien le passage de l’idéologie activiste des années 70 à l’individualisme des années 90.
Cette réflexion sur l’engagement politique peut ainsi sembler anachronique et décalée, mais la problématique rendue admirablement par Sydney Lumet est incroyablement riche pour montrer qu’il est possible de croire à des idées et de s’y engager pleinement, mais que le coût à payer peut-être élevé. A la fois un hymne au courage et à la prudence, avec toutes les contradictions inhérentes ! Pas inutiles pour nos mollassons ou nos têtes brûlées !
La famille jusqu’à un certain point
A bout de course n’est en fait pas un film politique Le thème majeur est celui de la famille et plus particulièrement des dégâts que peuvent causer certains parents dans leurs choix de vie.
Ici, la famille est représentée de façon splendide. Seule contre tous, elle a tissé des liens tellement étroits qu’elle constitue une unité, une identité à laquelle il est difficile d’échapper. Des scènes particulièrement fortes illustrent ces rapports comme celle touchante de l’anniversaire d’Annie Pope, celle du retour à la maison d’Arthur ivre et bien sûr la scène finale. Le ton est chaque fois infiniment juste, les scènes dramatiques sont émouvantes, toujours allégées par des traits d’humour. Les personnages sont plus beaux les uns que les autres, à commencer par la mère.
Il y a donc cette unité fusionnelle mais aussi cette oppression et asphyxie montante qui étouffera peu à peu le fils aîné. Fugitif de naissance, ce dernier devra choisir pour devenir adulte, de quitter le navire…
Comment ne pas s’interroger en tant que parent sur les conséquences de nos choix qu’ils soient professionnels, affectifs ou politiques ? Comment ne pas renoncer à certaines choses, au motif qu’elles seraient contraires à une bonne éducation pour nos petits ? Pour tout parent un peu équilibré, ces questionnements sont permanents et les arbitrages difficiles.
De même, pour nos aînés, l’émancipation n’est pas toujours évidente, et la peur de décevoir ou de faire du mal aux parents est souvent présente, et il peut y avoir une vraie difficulté à concilier sa recherche d’identité et sa fidélité familiale.
Ce film ne donne raison à personne en particulier mais par sa justesse saisissante rend compte des émois respectifs de chaque génération. Le voir en famille ne peut qu’être bénéfique, chacun s’étant d’une manière ou d’une autre identifié à un personnage et de ce fait devenant plus compréhensif à l’égard des autres…. Une sorte de thérapie familiale en somme !
Mes p’tits trucs à moi
– reprendre des exemples familiaux où ,les choix se sont faits en fonction des uns et des autres
– « pense à toi, mon amour » à une ère où il n’y a plus de tabous, il y a un risque à plonger les enfants en permanence dans les histoires d’adultes…il faut préserver leur monde et les pousser à se construire, sans être affecté par les vicissitudes de la vie des adultes
– danser encore plus souvent avec les enfants !!!!
Si vous avez aimé, vous pouvez voir…
« Douze Hommes en colère » de Sydney Lumet (1957), “Serpico » de Sydney Lumet (1973), « un après-midi de chien » de Sydney Lumet (1976)
“Stand By Me” de Rob Reiner (1986) avec notamment River Phoenix
Dans le registre “enfant recherché par la police” : « Witness »de Peter Weir.
Dans le registre « A la recherche de son identité » : « Va, vis et deviens » de Radu Mahaileanu (2004), « Le cheval venu de la mer » de Mike Newell (1991)